Suite et fin du récit de mon expérience après la dernière semaine de soins ostéopathiques à PSE (Pour un Sourire d’Enfant).
Ici le travail se fait un peu à l’aveugle. On a juste à fermer les yeux et à faire confiance en nos mains ; mains qui nous dirigerons vers les tissus noués nécessitant un relâchement.
C’est malgré tout un petit peu déstabilisant : il y a d’abord la barrière de la langue. Même de simples mots anglais ici ne sont pas compris. Il y a ensuite un point essentiel. Ces enfants sont recueillis et sortis de la misère. Nous n’avons que très rarement des informations sur leur histoire. Leur environnement de vie, lui, on en a entendu parlé. Mais peut-on vraiment nous imaginer, nous, occidentaux privilégiés, à quel point leur quotidien est difficile ? Je ne pense pas !
Pour ma part, jamais je ne me serais imaginée qu’une fillette de moins de 6 ans pouvait être mise à la prostitution par ses propres parents pour 25 centimes d’euros. Même en essayant de visualiser des pires atrocités de la nature humaine, jamais je n’aurais pu concevoir ceci. Ce ne sont que des enfants, si crédules et si naïfs.
Pour sortir ces enfants des décharges, de ces violences et de ces viols, leurs familles sont dédommagées par le centre PSE. Pour leur permettre d’obtenir un cadre bienveillant, rassurant, sans violence, et de recevoir un enseignement, leurs parents reçoivent une compensation financière. La plupart du temps, c’est du riz.
Alors voilà ce que mes mains à l’aveugle me rapportent. Voilà ce que sans aucune information je ressens. Voilà ce que me mains me disent les yeux fermés. Voici toutes les informations transmises à mon cerveau. Des corps verrouillés, en protection de ces situations terribles vécues. Des regards apeurées ou d’autres complètement vides comme-ci leurs corps étaient restés tétanisés. J’ai en tous cas la certitude en tant qu’ostéopathe de leur avoir permis de recevoir cette parenthèse. Mon travail consistait à délier ces tissus figés et à relâcher les impacts de la vie reçus par ces enfants, susceptibles d’en altérer leur bonne croissance et leur état de santé général. Cette aide apportée était un moment où ils sont venus décharger toutes leurs tensions physiques et émotionnelles. C’est comme s’ils s’étaient délestés de cette lourde boue humide sur leurs petits corps d’enfants pour mieux grandir et affronter la vie.
Un papillon dont les ailes sont alourdies par l’eau ne pourra pas correctement les déployer pour s’envoler vers toutes les fleurs qu’il pollinisera.